J’ai toujours aimé les contes merveilleux. Dès mon plus jeune âge, j’étais captivé par les récits peuplés d’êtres surnaturels dotés de pouvoirs magiques. Le temps passa mais je restai séduit par cet univers parallèle. J’adhère à l’idée selon laquelle les histoires fantastiques coexistent avec le monde réel. Des récits tels que Narnia, Alice au Pays des Merveilles, l’Histoire sans fin ou le magicien d’Oz exploitent ce thème de deux plans qui partagent des destins communs. Monde imaginaire et monde réel sont donc en écho l’un de l’autre. Ce n’est probablement pas un hasard si mon premier livre de psychanalyse fut celui de Bruno Bettelheim : Psychanalyse des contes de fées. J’opérai mon initiation aux concepts freudiens en compagnie de Blanche Neige et du Petit Poucet. Ils ne me quittèrent jamais vraiment mais se firent plus discrets à certains moments de ma vie, notamment celui de mon entrée dans les prisons en tant que psychologue. A quelques reprises, certains personnages fantastiques viennent me saluer au cours des entretiens, comme porteurs d’un message. Ils font office de figures métaphoriques de dynamiques psychiques diverses, parfois échappant au langage voire à la pensée. Cela est une des caractéristiques de la clinique du passage à l’acte : elle peut court-circuiter le processus de symbolisation. Le clinicien veille dès lors à garder constamment son attention sur ce risque de ne plus penser. Il s’agit de conserver une distance psychique avec les aléas du passage à l’acte, dans un milieu (la prison) où il règne en maître. Tels des esprits protecteurs, les personnages fantastiques qui habitent mon imaginaire viennent à ma rescousse et me permettent de penser (j’allais écrire rêver) lorsque je me tiens au bord des trous noirs psychiques.
Ce blog traite de ces notions. Je souhaite rendre hommage à ces personnages et cerner plus précisément en quoi ils sont susceptibles de remplir une fonction psychique particulière. Je propose d’aborder des contes, des histoires, des personnages, des mythes qui rendent compte de processus psychiques propre à la délinquance. La délinquance renvoie aux notions de commettre une faute, de manquer à ses devoirs ou d’être négligent. Je souhaite dès lors aborder les thèmes de transgression, de pacte social, de violence, du mal, de personnalité criminelle par le biais d’histoires fantastiques.
Mes textes n’auront pas de visée scientifique mais proposeront plutôt des métaphores permettant de continuer à penser. Mes considérations pourront dès lors paraître bien naïves aux yeux de spécialistes de la question. Cette naïveté ne me dérange guère. Au contraire, elle sera le témoin de mon humilité face à ce thème que je souhaite développer progressivement. A ce titre, je me permets de vous accueillir très chaleureusement sur ce site. J’espère qu’il vous intéressera et que vous accepterez de partager avec moi vos remarques et critiques. A très bientôt au fil des lignes à venir…
Contes et délinquance 